Bonne

L’Histoire n’ignore personne, pas même Bonne, petit village dans le fond de la Vallée Verte, entre les rives du Lac Léman et le Mont Blanc.

Le château fort de Bonne

Le château fort de Bonne fut bâti à la fin du XIIIème siècle, dans le style des monuments militaires de l’époque gallo-romaine . Il ne reste à présent que des ruines enfouies, mais depuis ce lieu on comprend l’intérêt stratégique du château, dont l’emplacement devait offrir un panorama sur toute la vallée, mais aussi sur le Môle, le Buet et le mythique Mont Blanc.
Dans ce château coexistaient prisonniers d’Etat des ducs de Savoie dans la partie nord et le seigneur et sa suite dans la partie sud . Rien ne vaut la proximité pour avoir à l’œil ses opposants !
La maison forte était entourée d’un chemin de ronde et protégée par un mur de deux mètres d’épaisseur constitué de galets de la rivière voisine : la Menoge.
La maison forte comprenait aussi trois tourelles à base carrée, dont une qui à son sommet portait le donjon qui permettait de communiquer par des feux avec les châteaux de Boringe, de Faucigny et de Monthoux :une sorte de réseau médiéval…
Au Moyen-Âge, Bonne était une châtellerie appartenant à la baronnie du Faucigny, revenant elle-même au Dauphin de Viennois.Ce dernier céda le Faucigny au Dauphin de France en 1349, mais finalement le Dauphin de France échangea en 1354 cette baronnie avec le Comte Vert Amédé VI contre des terres du Dauphiné . Dès lors, le Faucigny fit partie de la Savoie :il ne s’agissait pas de s’embarrasser de sentiment national ou d’autodétermination des peuples .
En 1589, soutenu par Henri IV, les Bernois se mirent en campagne contre le Duc de Savoie . De château en château, ils arrivèrent jusqu’à Bonne et s’emparèrent des lieux et ce en une seule nuit .Le Duc leva alors une armée de mercenaires espagnols et napolitains qui reprirent possession du château à grand renfort de coups de canon .
Un balbutiement de l’histoire des dommages collatéraux fut un baril de poudre abandonné par les Helvétiques en débâcle mais encore assez combatifs pour avoir la présence d’esprit d’y glisser une mèche à retardement allumée . L’explosion tua 90 Savoyards . Le Duc indigné de telles méthodes de guerre fit poursuivre et tailler en pièces la garnison de 334 hommes avant même qu’ils ne posent un orteil sur le territoire genevois .

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La légende du bouc noir

Le château de Bonne construit à la fin du XIII-ème siècle fut démoli au XVII-ème siècle au terme de récurrentes batailles dans ses murs et d’attaques contre ses remparts.
Bonne se trouve au croisement des routes venant de Genève par Annemasse, passage obligé vers Thonon ou la vallée du Giffre. Cette situation en tête de pont lui valu d’être le macabre point de convergence de troupes ennemies lors de nombreuses campagnes .
Le château de Bonne fut donc le théâtre de multiples faits de guerre, dont on notera l’égale cruauté au cours des siècles.
Cette profusion de barbarie sur les lieux du château alimentèrent les croyances populaires…
Sur les ruines du château, quand le jour, un bouc noir, incarnation maléfique, se promènerait entre les pierres abandonnées. Le malheureux qui attarderait son regard sur cette bête démoniaque en aurait les yeux qui deviendraient plus rouges que la braise.
Par ignorance du patrimoine archéologique ou par souci louable de soulager les Bonnois de leurs désagréments ophtalmologiques, les ruines du château furent enfouies .Désormais des villas et d’agréables jardins occupent les lieux et il n’est plus question de bouc noir.

Image à la une : Par historicair — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=179662

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