Sainte-Adresse

Située le long de la Manche dans le nord de la France, la petite ville de Sainte-Adresse a une longue et riche histoire. Bien que sa population ne compte qu’environ 10 000 habitants, la ville est une destination touristique populaire depuis des siècles. Les visiteurs viennent voir les belles plages et le littoral, ainsi que les nombreux sites historiques disséminés dans la ville.

Les habitants de Sainte-Adresse

Les habitants de Sainte-Adresse se nomment les Dionysiens, en référence à St Denis, patron de la commune qui, décapité après avoir subi le supplice du gril, ramassa sa tête et la jeta dans la Seine, celle-ci vint ensuite s’échouer sur la plage de Sainte-Adresse (selon la légende). Enfin, les habitants recueillirent la relique et se mirent à la vénérer. Mais cette histoire n’est pas du goût de tout le monde, en effet, les habitants de Saint-Denis près de Paris (aussi appelés Dionysiens) ont une autre version des faits, pour eux, le saint aurait bien ramassé sa tête mais au lieu de la jeter dans la Seine, il préféra la ramener jusqu’à Catolacus où il tomba dans un champ et fut enterré par une pieuse femme. A l’endroit de sa sépulture, les habitants construisirent une abbaye, l’abbaye de Saint-Denis.

Histoire de Sainte-Adresse

– An 0 :
Les Romains sont sur ces terres depuis 50 ans, mais ils n’aiment pas la côte, ils se sont installés plus loin dans le continent. La vallée est boisée et de nombreuses sources forment un ruisseau qui se jette dans la mer.
– 55 après J.-C. :
Jules César lance une expédition vers l’Angleterre, il dut sûrement reconnaître la situation privilégié de Chef de Caux (ancien nom de Sainte-Adresse) .
– Le Chef de Caux pendant le moyen âge :
C’est un petit village de pêcheurs au pied de la falaise engloutit entre 1362 et 1373 par de violentes tempêtes, en 1372, le seigneur Vitanval parle de « ladite ville ayant été submergée par les eaux » (voir Photos). Après la disparition du village, les habitants s’installent dans le vallon à l’abri des vents. Mais du sable à la fâcheuse tendance à obstruer le port, divers systèmes sont trouvés, deux jetées ainsi que des remparts sont construits et des épis de bois sont plantés mais tout est emporté, Paris n’a plus de port à l’entrée de l’estuaire. François 1er devient roi en 1515, deux ans plus tard il décide la construction du Havre de grâce, qui marquera désormais l’histoire de Sainte-Adresse.
– Après la fondation du Havre (1517) :
A partir de cette date, l’histoire de Sainte-Adresse est indissociable de celle du Havre. Elle connut la guerre contre les anglais, les guerres de religions, puis une période tranquille profitant du commerce du port du Havre. Il s’en suivit une grande période d’urbanisation au début du 20ème siècle (voir Photos)
– La grande Guerre et la présence Belge à Sainte-Adresse :
Les Allemands envahissent la Belgique et le nord de la France en août 1914, obligeant le gouvernement français à se réfugier à Bordeaux. Le gouvernement Belge quitte Bruxelles et demande l’hospitalité à la France, suggérant de s’installer au Havre, le président de la république Raymond Poincaré lui répondit que la France lui offrait, jusqu’à l’heure de la victoire commune, l’hospitalité de la ville de son choix. C’est finalement Sainte-Adresse qui sera choisie (voir Anecdotes), en raison de la présence du Nice Havrais (voir Photos). En effet, les vastes bâtiments permettaient d’accueillir le gouvernement et les villas permirent de loger ministres et officiels.
– La deuxième guerre mondiale :
Sainte-Adresse sert de base logistique à l’armée britannique mais le 14 juin 1940, c’est la défaite, la VIIe Panzer Division atteint Le Havre. Sainte-Adresse est libérée le 13 septembre 1944 après avoir échappé à 4 bombardements.
– Sainte-Adresse aujourd’hui :
Cette petite ville de 10 000 habitants s’est construite au rythme du développement du Havre et s’est toujours voulue ouverte sur les arts et la culture, c’est un haut lieu de planche à voile mais le souci de conserver son site exceptionnel l’oblige à prendre des mesures conservatoires.

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Quelques anecdotes et légendes

Une église au fond de l’eau

Des pêcheurs de Sainte-Adresse racontent qu’une fois, alors qu’ils rentraient au port, ils entendirent des cloches très clairement alors qu’ils étaient bien trop loin de la cote pour pouvoir entendre les cloches de l’église. Ils se penchèrent par-dessus le bord et virent une église au fond de l’eau. Cette église au fond de l’eau n’est bien sur qu’une légende basée sur la catastrophe qui engloutit la commune de Chef de Caux (ancien village à la base de Sainte-Adresse) dans la mer (voir la rubrique Histoire). Des géologues ont même démontré que la pointe de Chef de Caux ne s’était jamais avancée aussi loin dans la mer, tordant le cou aux vieilles croyances.

Un trésor Belge

Cette légende récente veut que Sainte-Adresse reçut, de la part du gouvernement Belge, une fortune très importante en remerciement de l’accueil que lui avaient réservé les Dionysiens (voir la rubrique Histoire). Cette légende aurait pour but d’expliquer les faibles taux d’impôts à Sainte-Adresse. En vérité, les impôts « réduits » que payent les Dionysiens sont la conséquence d’une bonne gestion par les municipalités successives et le seul trésor Belge de Sainte-Adresse est un trésor de reconnaissance.

Ho Chi Minh

Aide cuisinier à bord du cargo la Touche-Tréville, Ba, jeune indochinois de 24 ans, décida de poser son sac à Sainte-Adresse pour se mettre au service d’une famille bourgeoise en qualité de jardinier. Ba décida ensuite de changer de nom pour être plus en accord avec ses idéaux politiques (il se fit alors appeler Nguyen Ai Quoc, c’est à dire « Nguyen le patriote »). Mais c’est sous un autre nom que l’histoire le retiendra, Ho Chi Minh.

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Les phares de la Hève

Sainte-Adresse fut, dès le XIVème siècle, un port très prospère faisant commerce, notamment, avec les Espagnols (les Castillans). Charles V décida donc, en 1364, de faire édifier sur le « Grouing de Caux » (ancien nom du quartier de la Hève) un feu dont la présence avait pour but de « faciliter la navigation des Castillans qui apportaient au Chef de Caux des vins, blé, cire, sel et cuirs préparés et mégissés à Cordoue ». Ce phare compte probablement parmi les premiers qui furent érigés sur les côtes de France. Ce sont les seigneurs de Bléville qui, pendant plus de quatre siècles, vont s’occuper d’allumer tous les soirs le feu de bois du phare. Mais en 1774, un éboulement détruit l’édifice. On reconstruisit alors non pas un phare mais deux phares car leur alignement conjugué avec le repère que matérialisait le clocher de l’actuelle cathédrale Notre-Dame offrait aux navigateurs une meilleur appréciation de leurs manœuvres. Ces chefs d’œuvre furent malheureusement détruits en 1944. On reconstruisit un unique phare que l’on peut aujourd’hui visiter.

Image à la une : Par Philippe Alès — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=35957287

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